Le Festival du film arabe de Fameck

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Le Festival du film arabe de Fameck a fêté ses 20 ans. Né de l’histoire de l’immigration ouvrière, il est devenu au fil du temps un événement culturel incontournable du paysage lorrain. Au-delà de la fenêtre ouverte sur la production cinématographique arabe des deux dernières décennies, il a construit son identité grâce à un long travail d’enracinement mené auprès des publics qui constituent la population locale. Sa dimension multiculturelle en fait un outil majeur pour la cohésion sociale de tout un territoire.

La création et l’évolution du Festival
La ville de Fameck a vu son développement profondément marqué par l’histoire industrielle du bassin sidérurgique lorrain. Elle connaît un essor démographique exponentiel qui atteindra des sommets dans les années soixante-dix. En peu de temps, sa population s’élève à près de 17 000 habitants, du fait de l’arrivée massive de travailleurs et de leurs familles dont beaucoup sont originaires d’Afrique du Nord. La Cité sociale devient alors l’épicentre de cette architecture humaine. Elle rassemble des services sociaux, une halte-garderie, des salles de réunion, un espace de jeux… Elle représente un point de rencontre et d’animation au sein du quartier.
Les échanges nombreux entre les jeunes et les animateurs amènent la Cité Sociale à réfléchir autour d’une manifestation pouvant valoriser la culture arabe à travers des moyens d’expression contemporains qui parleraient à la société d’aujourd’hui. Le pari du cinéma est risqué. Le cinéma des pays arabes est pratiquement inconnu, et surtout, il reste absent des salles obscures. Mais en 1990, la première édition du festival du film arabe de Fameck a lieu avec la projection de neuf films. La programmation et les animations proposées attirent le public du quartier mais aussi des cinéphiles avides de découvrir une production cinématographique inédite.
Une programmation riche et variée
En quelques années, la programmation passe de neuf films en 1990 à plus de quarante films lors de la dernière édition. De nombreux pays arabes sont représentés : Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, Irak… Chaque année, un pays est mis à l’honneur, avec une dizaine de films qui lui sont consacrés.
Les objectifs du Festival sont de permettre à une cinématographie émergente, encore peu diffusée en France, de rencontrer un public et se faire connaître, de parier sur sa capacité à transformer une perception parfois caricaturale des cultures musulmanes et arabes. Cela nous permet de découvrir des films à la fois passionnants, novateurs, et singuliers, aux thèmes d’une très riche diversité.
La présentation au public donne lieu à des prix : celui du public, de la jeunesse, du jury et enfin de la presse. De fait le festival met l’accent sur des films non commerciaux présentés en exclusivité. Ainsi, dans la programmation de la 20e édition, vingt-quatre films restent non distribués en France, mais ont connu un fort succès à Fameck.
Cette fenêtre sur le cinéma arabe attire chaque année une vingtaine de réalisateurs, producteurs, acteurs… qui viennent présenter leurs films et participer à des débats avec le public. Ainsi en vingt ans, Fameck a reçu la visite de personnages aussi prestigieux que Mohamed Chouikh, Mehdi Charef, Mohamed Lakhdar-Hamina, Nabil Ayouch…
Le Festival du film arabe de Fameck s’est affirmé au cours des années, comme une rencontre entre les différentes cultures, mais aussi entre les différentes générations. C’est pourquoi les films à destination du jeune public occupent une place de plus en plus importante dans la programmation et remportent un fort succès auprès des écoles.
Le Festival explore également la culture arabe dans ses diversités en invitant des écrivains comme Yasmina Khadra, Azouz Begag… ou des artistes tels que Fellag, Idir, Zebda ou Rachid Taha, et en proposant des ouvertures culturelles qui s’adressent à tous les publics.
Succès à trois…
Le succès et la longévité du festival reposent sur une triple base qui s’est constituée dès les toutes premières années : une programmation de qualité assurée par la Ligue de l’enseignement, une animation du territoire réalisée par la Cité Sociale et l’investissement des nombreux bénévoles qui participent grandement à l’âme de la manifestation.
L’accueil, l’ambiance chaleureuse et conviviale due à l’implication du personnel du centre et des familles ont définitivement forgé l’identité du Festival et attiré public et cinéastes. Les partenariats avec les associations et cinémas du département permettent un plus grand rayonnement.
20 ans, enjeux et développements à venir…
En vingt ans, le public a progressé. Les appétits ont changé. Les cinémas d’origine arabe sont plus difficiles à identifier, les nationalités de leurs réalisateurs se sont diversifiées et les coproductions se montrent de plus en plus nombreuses. Le travail de mobilisation doit encore s’intensifier dans un contexte où la structuration des communautés en associations est moins forte. Le bilan de ces 20 ans résonne comme un tremplin. La fréquentation de l’événement n’a jamais été aussi forte (16 000 festivaliers en 2010) et des demandes de décentralisations affluent pour que puissent être programmées des séances à Metz, Thionville, Luxembourg… Le rayonnement de la manifestation dépasse la Moselle et les médias nationaux se déplacent désormais à Fameck.
Le Festival est aujourd’hui reconnu comme un référent de la cinématographie du monde arabe. Pour les prochaines éditions à venir, l’idée est d’accentuer notre travail auprès des acteurs locaux : associations, exploitants de salles et institutionnels. Également, au-delà de la diffusion des films, le festival se mobilise en développant un travail sur la mise en place de rencontres et tables rondes avec des thématiques spécifiques touchant le monde arabe. Aussi, toujours dans cette dynamique de toucher tous les publics, il y aura force propositions et actions auprès du public étudiant pour une participation plus active autour de projections-débats/rencontres avec des professionnels. Le travail d’éducation à l’image autour de la création, de la formation et de la diffusion sera davantage développé avec une mise en réseau des établissements scolaires.

///Article N° : 11192

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