Une histoire de rencontre(s)

Entretien de Raphaël Thierry avec Muriel Diallo et Dramane Boaré

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Mardi 23 octobre 2012, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Muriel Diallo, écrivaine ivoirienne, en présence de son éditeur Dramane Boaré, ivoirien lui aussi.

Muriel Diallo n’est presque plus à présenter : depuis près de vingt-cinq ans, elle est reconnue comme un des auteurs de jeunesse les plus talentueux du continent, mais on la connaît aussi pour son travail d’artiste-peintre et à travers les nombreux ateliers qu’elle anime en France dans le milieu scolaire. Dramane Boaré dirige les Classiques Ivoiriens à partir d’Abidjan, et organise son travail d’édition et de distribution en Côte d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest et désormais en France.
La collaboration de Muriel Diallo et de Dramane Boaré est avant tout une histoire de rencontres :
– la rencontre entre une écrivaine expatriée qui a toujours souhaité maintenir une présence dans le monde éditorial de son pays et un éditeur ivoirien qui, de son côté, a toujours cherché à ouvrir son catalogue à de nouveaux projets ;
– la rencontre d’un éditeur africain avec un diffuseur français : les Classiques Ivoiriens sont diffusés par L’Oiseau Indigo, structure arlésienne qui représente et promeut efficacement les éditeurs méditerranéens et africains au Nord ;
– et enfin, la rencontre d’un projet éditorial original avec un public : la collection Bibi n’aime pas, issue de la collaboration de Muriel Diallo avec les Classiques Ivoiriens, faisait cette année partie de la sélection du Prix Saint-Exupéry Valeurs Jeunesse (1), dans la catégorie « Francophone ». Muriel Diallo participait également au concours pour ses autres ouvrages Toclo Toclo et la fille Tête-en-l’air ainsi que Yozakura la fille du cerisier, publiés aux éditions Vents d’Ailleurs.
Au moment de notre entretien, Muriel Diallo ne savait pas encore qu’elle serait couronnée le lendemain soir (24 octobre 2012) par le jury du Prix Saint-Exupéry. Pour sa seconde participation au Prix (elle était déjà sélectionnée en 2000), elle reçoit donc une des principales récompenses pour la littérature de jeunesse francophone !
Elle prouve aussi que l’édition africaine a désormais toute sa place dans les concours littéraires du Nord et qu’un éditeur ivoirien indépendant est capable de jeter un pont entre les marchés du livre africains et le marché français.
Une histoire de rencontres dis-je… Bibi, petite fille ivoirienne espiègle et grognonne vient nous parler d’universalité : si, comme elle, les enfants du monde entier rechignent à manger des légumes, c’est peut-être que les frontières que l’on dresse aujourd’hui sont avant tout imaginaires…
Muriel Diallo, Dramane Boaré bonjour. J’ai préparé plusieurs questions avant de vous rencontrer, qui seront l’occasion d’entendre l’écrivaine, mais aussi l’éditeur. Si vous le permettez, j’aimerais que nous commencions par parler un peu de votre travail, Muriel Diallo, avant d’avancer sur votre collaboration avec Les Classiques Ivoiriens, que dirige Dramane Boaré.
Muriel Diallo, on vous décrit souvent à travers la multiplicité de votre travail : vous êtes artiste, peintre-illustratrice, écrivaine, vous animez également de nombreux ateliers dans le milieu scolaire… Votre carrière littéraire est aussi bien centrée sur la jeunesse que sur la littérature générale, puisque vous avez publié votre premier roman, La femme du blanc, en 2011 aux éditions Vents d’Ailleurs. Mais il y a aussi une multiplicité de votre parcours éditorial : vous avez commencé votre carrière dès les années 1988, au Centre d’édition et de diffusion africaine (CEDA), si je ne me trompe pas…

En 1988, c’est exact. C’était à la suite d’un concours qui s’intitulait « Raconte-moi une histoire », que j’ai décidé de me lancer dans l’écriture de mon premier récit. Il se trouve que les éditions CEDA, organisatrices du dit concours, ont retenu mon manuscrit. J’ai obtenu un prix spécial et c’est ainsi que tout a commencé.
Par la suite, vous avez travaillé avec de nombreux éditeurs. En France, certes, mais vous avez toujours gardé un pied éditorial en Côte d’Ivoire…
Bien que vivant en France, je porte mon Afrique en moi. Un de mes objectifs a toujours été de réaliser des ouvrages de qualité destinés aux enfants de Côte d’Ivoire. J’en ai parlé à Monsieur Boaré. Nous avons longtemps pensé le projet et un jour, quand toutes les conditions étaient réunies, nous nous sommes lancés dans cette aventure passionnante…
Avant de revenir sur ce projet commun, j’aurais aimé évoquer un peu le travail des Classiques Ivoiriens. Dramane Boaré, votre maison d’édition se caractérise par la pluridisciplinarité…
Dramane Boaré :
Tout à fait. Les Classiques Ivoiriens sont nés en 2004. Je venais moi-même d’une maison d’édition de la place et j’ai alors fondé Les Classiques Ivoiriens en partenariat avec Les Classiques Africains de l’époque (Les Classiques Africains dont le principal actionnaire était Saint-Paul Imprimeur). Depuis deux ans maintenant, Saint-Paul Imprimeur, à travers Classiques Africains, ne fait plus partie de notre capital. Les Classiques Ivoiriens sont devenus une société ivoirienne n’appartenant qu’à des Ivoiriens. Le capital nous appartient à 100 %. En Côte d’Ivoire, nous faisons donc de l’édition. De l’édition scolaire évidemment, on en a besoin pour vivre et également de la jeunesse, de la littérature générale. La jeunesse nous tient particulièrement à cœur et c’est cela qui nous a réunis, Muriel et moi, autour du projet Bibi. Comme elle l’a dit, nous l’avons d’abord pensé, puis laissé doucement mûrir. L’idée a fait son chemin et aujourd’hui nous en sommes à cinq titres. Et attendez-vous bientôt à d’autres nouveaux titres !
Pourrions-nous un peu parler de ce personnage de Bibi, à travers ces cinq titres et cette série très originale, nouvelle aussi, dans l’environnement du livre de jeunesse africain ? D’où est venue l’idée de départ ? Comment ce travail s’est développé ? Et puis, pour l’aspect pratique, comment travaille-t-on à distance, quand l’éditeur est en Côte d’Ivoire et l’écrivain en France ?
M.D. :
Dès le départ, quand j’étais enfant – et je pense que Dramane Boaré ne me contredira pas sur ce point, (nous avons à peu près le même âge) – nous n’avions pas de livres qui parlaient vraiment de nous, enfants d’Afrique. Pour ma part, j’ai grandi avec les petits livres du Père Castor que ma mère ramenait de France. Je ne sais pas si vous connaissez la collection du Père Castor… il y avait Blanche Neige, Le Petit Bonhomme de pain d’épice, tous les contes d’Andersen, de Grimm, de Charles Perrault… On grandit donc avec le Père Castor au fin fond de l’Afrique, et l’on se rend compte un jour, bien évidemment en observant son environnement immédiat, que ce dont on parle dans le père Castor n’existe pas toujours autour de nous. Je parle des paysages de neige, du palais des glaces, du loup. Nous avions peur du loup sans savoir qu’il n’y avait pas de loup en Afrique. On pose des questions aux adultes, mais les adultes, vous savez, n’ont pas toujours le temps de répondre aux questions des enfants… Ensuite, j’ai grandi auprès de ma grand-mère maternelle. C’est elle qui m’a un peu initié aux contes africains. C’est à ce moment que j’ai décidé que « quand je serai grande, je deviendrai un peintre et un écrivain célèbre ! » Je ne suis pas encore célèbre, mais j’espère toujours le devenir un jour ! (Rires) : Ne dit-on pas qu’il vaut mieux viser la lune pour espérer toucher les étoiles ? Tout mon travail est axé autour de cet imaginaire-là : favoriser des rencontres entre le monde du père Castor (c’est-à-dire le monde de l’ailleurs) et le monde qui se trouve dans mon environnement immédiat (l’Afrique). Quand j’ai rencontré Monsieur Boaré, qui est devenu un ami, nous avons beaucoup discuté en nous appuyant sur des constats et les demandes des enseignants africains. L’idée de la création d’une collection petite enfance nous a alors semblé indispensable. Une collection dans laquelle les enfants ivoiriens, et africains, se retrouveraient tout de suite. Cela ne veut pas dire que nous rejetons l’extérieur, mais que nous construisons un pont, comme un lieu de rencontre attendu, fondé sur l’universalité de l’enfant. Et c’est comme ça que Bibi est née. Elle a trois ans. Même le choix du prénom n’est pas le fruit du hasard. En Afrique nous avons ce que l’on appelle des « prénoms de caresses », par exemple Mimi, Jojo… Et vous vous appelez…
Raphaël !
On pourra donc vous surnommer « Raphi » en Côte d’Ivoire ! « Bibi », c’est peut-être Élizabeth. Je voulais vraiment entrer de plain-pied dans le quotidien, en nommant cette petite fille ainsi. Bibi est une enfant espiègle, un peu rebelle, qui veut comprendre le pourquoi des choses, comme beaucoup d’enfants de par le monde, et qui fait sa propre démarche pour trouver des réponses avec l’aide de ses parents et de son précieux doudou. Le jeune lecteur voit Bibi avancer dans sa vie, dans le quotidien et avec toutes les découvertes que l’on peut faire à cet âge-là. La collection s’appelle « Bibi n’aime pas… ». Lorsque le titre de la collection s’est posé, nous avons hésité entre plusieurs possibilités. Puis nous avons tranché en faveur de Bibi n’aime pas. Il fallait aller au plus simple, ces livres étant destinés aux enfants dès 3 ans. Le premier titre est Bibi n’aime pas la pluie. Qui, enfant, n’a jamais pataugé dans les flaques d’eau sous la pluie ? La trame des histoires est la même, Bibi, est toujours grognonne au départ. Elle dit toujours « Non ! Je n’aime pas ceci, non je n’aime pas cela ! » Et comme elle déteste être enfermée dans la maison quand il pleut, elle se met à détester la pluie. Elle pense que le jardin a mal au ventre à chaque fois, parce qu’il boit trop d’eau d’un coup. Ça, c’est du Bibi tout craché ! À la fin, elle découvre elle-même que la pluie fait bien les choses : avec le potager de papa qui a bien poussé, les escargots qui sortent, il y a toute une vie qui se passe et qui fête même la fin de la pluie. Dans l’histoire Bibi n’aime pas le marché, la fillette grognonne se retrouve au marché avec sa mère, disant « moi je n’aime pas le marché ! Il y a trop de bruit et ensuite j’ai mal aux oreilles ! » Et finalement Bibi fait sa propre démarche dans la découverte du marché et à la fin, elle adore le marché. Nous avons aussi Bibi n’aime pas le Didi : le Didi c’est un peu votre loup, les peurs de l’enfant qui ont été symbolisées par ce que j’appelle « le Didi ». Enfant, mon père menaçait souvent de faire venir le « Didi » pour me faire peur et éviter que j’imagine d’autres bêtises à faire. J’ai donc gardé le Didi par rapport à mes souvenirs d’enfance. Ensuite est né Bibi n’aime pas les légumes…
D.B. : Le tout dernier !
M.D. : Bibi habite en ville avec ses parents et son doudou. J’ai pris des symboles de l’enfant d’aujourd’hui. Dans le prochain tome, elle rendra visite à sa grand-mère à la campagne… Et… Mais ça, c’est un secret. Nous ne voulions pas faire du « Martine va à l’école », même si à l’époque j’en étais fan. La particularité de cette collection, c’est qu’elle vient d’une part insister sur l’universalité des désirs de l’enfant et, d’autre part, mettre en lumière quelques bonnes habitudes de l’Afrique. Par exemple l’ambiance du marché, où l’on parle de « tonton poulet » (tout le monde s’appelle comme cela : « Bonjour tanti ! Bonjour tonton », c’est respectueux : on n’y a pas bien l’habitude du « Bonjour Monsieur ». Cela serait presque hautain dans certains quartiers !). Les enfants qui vivent hors du continent africain découvrent ainsi, en jouant avec Bibi, un autre mode de vie, vrai et plein d’humour, d’où cette idée d’échanges que je défends.
Vous parlez de cette ambiance du marché, que l’on peut d’ailleurs retrouver ici, en France, vous parlez aussi d’universalité : souvent, dans le livre de jeunesse, l’image de l’Afrique est exotique… À travers Bibi, vous mettez en avant une Afrique urbaine, une petite fille qui ne va pas forcément aimer les choses qu’on l’emmène voir à la campagne… J’aurais voulu creuser un peu avec vous cette question de la réception et de l’universalité à laquelle vous destinez vos ouvrages. Comment défend-on une œuvre sur un marché africain et sur un marché français, lorsqu’on s’adresse à des enfants « tout court » ? Lorsqu’on ne s’adresse pas à des lecteurs français pour leur montrer des enfants africains tels qu’ils ont imaginé…
M.D. :
Dramane comme moi, nous sommes dans cette démarche d’échange, de partage. La différence ne nous enrichit que lorsqu’elle se partage. C’est dans le cadre de cet échange-là que j’ai rencontré beaucoup d’enfants qui adorent Bibi en France. Ils n’iront probablement jamais en Afrique, qu’importe, alors l’Afrique viendra à eux. Le doudou de Bibi s’avère être ce qui les relie au départ. Quelque fois, certains enfants confient même à Bibi les mots de leurs doudous. Les enfants ne mettent pas de barrières aux mots comme le font les adultes… Ces ouvrages destinés à tous les enfants sont notre fierté ! Aujourd’hui, les gens, les mots circulent beaucoup plus facilement qu’avant. D’une certaine façon, Bibi joue le rôle d’une petite ambassadrice, elle montre aux enfants du monde que tous les êtres humains sont égaux, avec le même cœur, les mêmes rêves. Et cela, je l’ai constaté dans le regard des femmes que je rencontre dans mes ateliers d’écriture illustrée : nous avons vraiment les mêmes soucis, nous pleurons pour le même chagrin, les éclats de rire se ressemblent parfois.
Dramane Boaré, comment défend-on ses œuvres, particulièrement quand on est un éditeur pluridisciplinaire et que l’on édite aussi des livres destinés au seul marché ivoirien (je pense aux livres scolaires) ? Autrement dit, comment défend-on des œuvres de jeunesse destinées aux enfants du monde entier ?
D.B. :
Nous sommes une jeune maison d’édition et il est important pour nous d’avoir une activité scolaire. Il ne faut pas se voiler la face : il s’agit de tenir la route. L’activité scolaire, qui est noble et une de nos principales activités, est importante. Mais je crois qu’une maison d’édition a également besoin d’une image. Elle a besoin de s’exporter dans le monde. Et s’agissant du scolaire, on reste chez soi, alors que dans la littérature et à travers Muriel, on voyage énormément. C’est une idée que nous partagions avec Muriel et dont nous avions déjà parlé, quand nous étions plus jeunes. Muriel a évolué de son côté ; moi, je dirige aujourd’hui une maison d’édition : nous pouvions donc passer à une réalisation concrète d’un projet. Aujourd’hui, nous avons pu mener cette idée au bout, parce que Muriel a réfléchi de son côté et, du mien, avec les moyens que j’ai et avec l’expérience que j’ai acquise dans le métier d’édition, je voulais faire des livres différents de ceux qui existent sur le marché. On nous reprochait de faire des livres qui n’étaient pas de bonne qualité… Avec son talent – car le projet s’appuie énormément sur sa technique d’illustration – nous avons entrepris de faire des ouvrages qui, avec leur qualité, peuvent plaire et intéresser l’enfant. Bien évidemment, les thèmes que nous choisissons avec Muriel concernent tous les enfants de toutes les parties du monde. Nous parlions du marché : quel enfant aime les légumes ? Nous avons tous râlé un jour ou l’autre après l’école, nous séchions les cours, c’est une attitude commune à tous les jeunes du monde !
M.D. : Aucun enfant n’aime les légumes (rires) !
D.B. : Donc, à travers ces thèmes qui intéressent tous les enfants et à travers un support de qualité, nous sommes aujourd’hui arrivés à faire des livres qui plaisent. Nous vivons des livres scolaires, ok, mais il faut reconnaître que c’est grâce à la littérature jeunesse, la littérature générale, nous voyageons de plus en plus. Et c’est cela, en tant qu’éditeur, qui nous séduit. Nous sommes sur cette voie-là.
Comment travaille-on ensemble, lorsque l’écrivain est en France et l’éditeur en Côte d’Ivoire, pour produire une collection aussi régulière que Bibi ?
M.D. :
Nous nous faisons confiance. Pour ma part, en tant qu’artiste, je suis libre du choix de mes illustrations et de mes techniques. Dramane le sait, et chaque fois que je lui ai fait part d’une idée, il m’a toujours soutenue. Il m’a fait confiance. Mais tout n’a pas été simple… Il nous a fallu ensuite trouver un bon imprimeur, parce que nous désirions ce qu’il y avait de mieux pour cette collection ! Aujourd’hui, le résultat est là et nous n’en sommes pas peu fiers !
D.B. : Aujourd’hui les moyens de communication sont plus accessibles. Je viens régulièrement en France. Le reste se fait par téléphone, mails, etc. Nous avons la chance de nous voir souvent et le travail se fait relativement facilement. Notre méthode de travail est simple : Muriel a bien intégré un programme de sortie des ouvrages et elle sait quand il faut nous mettre les documents à disposition. Elle se prépare d’ailleurs pour la sortie du prochain titre de la collection. Cela fonctionne comme cela. Tout repose, comme Muriel le dit, sur une excellente relation entre l’éditeur et l’auteur.
M.D. : Même libre, j’ai toujours besoin de l’avis de l’éditeur pour évoluer. Avant de commencer un titre, d’écrire ou d’illustrer, je lui en parle. Nous discutons de tout, du meilleur titre, du meilleur thème, de la pagination, de la qualité du papier, de tout. Il en parle à son staff… C’est beaucoup d’échanges, de respect et de confiance si l’on veut arriver à quelque chose de bien. Et il faut y croire. Nous y avons cru fortement !
Madame Diallo, les contraintes sont-elles différentes lorsque vous publiez un livre pour enfants aux Classiques Ivoiriens et un roman aux éditions Vents d’Ailleurs ?
J’ai toujours travaillé avec des éditeurs qui me laissaient une entière liberté. Vents d’Ailleurs, respecte cela. Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de voir mon travail plastique, il est issu de recherche personnelle autour de la récupération : beaucoup de collages, de récupération d’objets, de sable… Je veux réunir tous les imaginaires dans un univers possible. Je suis peut-être idéaliste, mais bon c’est comme ça, c’est le moyen que j’ai choisi pour m’exprimer. J’ai la chance de travailler avec des éditeurs qui ne m’emprisonnent pas dans une technique donnée, dans une manière d’écrire, n’empêche que j’ai toujours besoin de leur avis. Les conseils et les critiques me font évoluer.
J’aurais aimé parler un peu de diffusion avec vous deux. Muriel Diallo, vous faites cette année partie de la sélection du prix Saint-Exupéry 2012 qui sera remis demain soir. Vous avez d’ailleurs déjà participé à ce prix en 2000. Une telle sélection est, selon moi, le gage d’une certaine reconnaissance en France. En Côte d’Ivoire, le travail de Monsieur Boaré participe aussi à la diffusion de vos œuvres… Ressentez-vous une différence de réception de vos livres ? Comment retrouve-t-on vos livres en librairie d’un pays à l’autre ? Comment les amène-t-on à des enfants d’un pays à l’autre ? Est-on sur des mêmes stratégies de promotion de ses œuvres et de son catalogue ?
D.B. :
En ce qui concerne la diffusion en Côte d’Ivoire, nous nous en chargeons nous-mêmes. Cela passe par le circuit éducatif. Nous avons la chance de travailler également avec les écoles : le livre qui est mis dans les circuits de libraires est promu avant tout dans les écoles. Il peut être utilisé dans les classes. Vous voyez bien que les thèmes que nous choisissons : l’école, les légumes, etc. sont des thèmes sur lesquels les instituteurs peuvent intéresser l’enfant ; ce sont des thèmes qui concernent l’environnement direct de l’enfant…
Ce que je dis pour la Côte d’Ivoire est d’ailleurs valable pour l’Afrique de l’Ouest. Je suis éditeur, mais j’ai également un volet distribution qui est très important. De par mon itinéraire, j’ai une connaissance du circuit des libraires de la sous région, ce qui fait que les livres sont systématiquement présents dans les pays où je me rends : Burkina, Togo, Bénin, Cameroun, bientôt au Mali…
En France, depuis quelques années, nous sommes en rapport avec L’Oiseau Indigo d’Isabelle Gremillet. Il faut dire qu’avant cela, on a énormément cherché à se faire diffuser en France. Pour des éditeurs africains, ce n’est pas facile. Vous remarquerez d’ailleurs que le thème de la diffusion des livres dans le Nord revient toujours sur le tapis, sans qu’on ait véritablement trouvé de solution. Je pense qu’aujourd’hui, il y a des pistes, et une des pistes, c’est justement L’Oiseau Indigo avec qui, depuis deux ans, nous avons pu être présents dans beaucoup de librairies en France. Nous avons également pu être présents dans certains salons en Belgique et en Suisse. Et les chiffres nous démontrent clairement qu’il y a une demande qui est là, qui va en croissant. On a commencé à nous parler d’une diffusion plus large, mais c’est quelque chose que l’on mûrira avec L’Oiseau Indigo en réfléchissant à comment renforcer ce travail que nous avons déjà engagé.
Au niveau de la sous région vous êtes donc amenés à représenter et défendre vos livres dans d’autres pays ?
D.B. :
Je suis présent dans d’autres pays au niveau des manuels scolaires… Les bibliothèques sénégalaises commandent beaucoup d’ouvrages, et comme nous avions montré Bibi aux représentants des bibliothèques, au Sénégal, la collection a fait l’objet de commandes. Ces ouvrages-là se trouvent aujourd’hui dans beaucoup de bibliothèques de ce pays. Nous allons continuer ce travail-là. Nous serons présents au salon du livre de Ouagadougou (SILO), le 27 octobre. Je ne pourrai malheureusement pas me rendre à Yaoundé le 25 octobre… (2) Je crois que le prix Saint-Exupéry serait aussi pour nous une aide précieuse et un tremplin énorme pour pouvoir assurer cette promotion. La première des choses que l’on fera alors sera de montrer ce prix à la Côte d’Ivoire en disant « voilà : c’est un produit ivoirien. Un produit qui plaît ici et à l’extérieur, comme on l’a voulu ! » À partir de là, on va bâtir une nouvelle campagne de promotion autour de Bibi. On a beaucoup de choses dans la tête avec ce produit-là et je pense que l’on peut développer beaucoup de projets. Ce n’est pas encore le moment de tout dévoiler, il y a des choses qui seront entreprises… C’est un départ, le moment de mettre tout cela sur pied.
Très peu d’éditeurs africains ont été représentés par des prix littéraires en France…
D.B. :
Je précise que c’est Muriel qui participe au prix en tant qu’écrivain, pas nous !
Bien entendu ! Je voulais surtout connaître votre avis sur ce pas en avant, bien sûr, mais aussi sur cette absence, jusqu’à présent, d’une édition africaine dans les prix littéraires…
D.B. :
Muriel participe à un prix : le Prix Saint-Exupéry s’appuie sur une sélection de livres parmi lesquels nous : Classiques Ivoiriens, figurons en tant qu’éditeur. Pour moi, c’est une reconnaissance ! Cela fait sept ans que nous avons démarré, et le premier prix que l’on obtient vient de l’extérieur ! Ce que je vais dire – et c’est peut-être une manière de parler un peu comme tout le monde – mais c’est qu’il s’agit, simplement, d’un encouragement à continuer à travailler ! Et puis surtout, pour moi comme pour Muriel, c’est un rêve, c’est un projet que nous avons réfléchi quand nous étions un peu plus jeunes. C’était une bonne idée. Nous voulions alors faire de bons produits, et nous ne sommes pas mécontents de la qualité de ces ouvrages-là. On voit très bien qu’ils sont acceptés sur un marché français qui est exigeant sur la qualité. Il faut savoir que les premières discussions que l’on avait avec les éditeurs français, c’était que les livres n’étaient pas de bonne qualité… Je crois que nous avons franchi ce cap-là, et Bibi est appréciée et pour le contenu, et pour le contenant. C’est une reconnaissance formidable !
Muriel Diallo, il me semble que vous avez déjà coédité des ouvrages en coédition avec un éditeur canadien et un éditeur ivoirien (3). Les modèles de la coédition sont-ils des pistes à réfléchir et qui intéressent Les Classiques Ivoiriens pour l’avenir ?
M.D. :
Nous ne sommes pas contre une coédition, bien au contraire !
D.B. : Effectivement. Il y a aujourd’hui des éditeurs en Afrique qui ont les moyens. En Côte d’Ivoire NEI/CEDA, filiale de Hachette, ont largement les moyens de sortir des livres, même tous seuls, Eburnie ont aussi les moyens… Ce matin j’en parlais encore : la coédition est plus que souhaitable. Beaucoup d’auteurs sont ici, en France : ils vivent ici mais ils ont un public chez eux ! Donc, je pense qu’il faut réfléchir à comment faire en sorte que leurs ouvrages soient lus par des gens de chez eux. C’est une action commerciale que de trouver la formule pour qu’un livre qui est publié paraisse en même temps ici là-bas. Deux éditeurs parviendront plus facilement à trouver la bonne formule !
M.D. : Mais en essayant de conserver la qualité du produit de départ ! Pour ma part, je souhaite vivement que les éditions Vents d’Ailleurs et Les Classiques Ivoiriens s’entendent pour coéditer un des ouvrages de Vents d’Ailleurs, qui figure justement dans la sélection du prix (Toclo toclo et la fille Tête-en-l’air). J’y tiens parce que ce serait vraiment un réel aboutissement de ce projet. Comme je le dis, la Côte d’Ivoire est mon pays de cœur et j’ai toujours voulu que mes ouvrages puissent être lus là-bas. Maintenant, comme Monsieur Boaré l’explique, il faut réfléchir à la bonne formule, parce que les moyens ne sont pas les mêmes… Et en même temps, il faut que nous vendions des livres, tout en gardant une bonne qualité. On y tient beaucoup. Espérons que quand votre article à paraître, cela va se décanter !
Est-ce qu’il y a lieu de réfléchir à de nouveaux formats, je pense par exemple au livre numérique ?
D.B. :
Je sais qu’il y a beaucoup d’idées qui surgissent, ça bouge dans ce domaine-là…
M.D. : Il faut mûrir tout ça.
D.B. : Le parc informatique pour les enfants et pour les familles qui peuvent acheter un support numérique en Afrique n’est pas énorme. Mais on ne peut pas ne pas suivre le mouvement. Cela fait partie de toutes les réflexions des organisations internationales et culturelles qui s’occupent du livre. On voit souvent le thème réapparaître dans le cadre de séminaires…
M.D. : C’est peut-être quelque chose que la Bibliothèque nationale de Côte d’Ivoire peut mettre en place… On pourrait, par exemple, organiser des activités et des actions de ce type-là dans un lieu précis et tout de suite, je pense la Bibliothèque nationale. Il ne faut pas en rester là…
D.B. : Le parc informatique n’est pas énorme et la connexion coûte encore cher. Je constate que certains éditeurs sont à fond là-dedans. Mais pour ma part, j’ai d’autres préoccupations : les questions d’électricité, la connexion informatique (il y a certains endroits où ce n’est pas encore ça…), etc. Mais on me dit que bientôt, avec le téléphone, de nouvelles possibilités seront développées. Le livre numérique, c’est pratiquement un téléphone ! Dans les années qui viennent on aura un écran suffisamment grand pour que l’enfant ou l’adulte puisse lire là où il se trouve. Je crois que ça va venir, mais ça demande encore un peu de temps, parce que les téléphones coûtent cher, parce que les connexions informatiques coûtent également cher… Mais on ne peut pas ne pas regarder ça. Ce n’est pas tout près-tout près, mais c’est là.
J’ai parlé tout à l’heure la coédition, ce qui me donne l’occasion d’évoquer le travail de l’Alliance Internationale des Éditeurs Indépendants. Est-ce que l’expérience de la coédition avec d’autres éditeurs africains vous intéresse ? Est-ce que ce sont des questions auxquelles vous réfléchissez ou qui sont en projet ?
D.B. :
Tout à fait ! En tant qu’éditeur, on a discuté et on a eu des projets avec d’autres éditeurs. Ce n’est pas encore arrivé au bout. Il faut pourtant le faire parce que, que l’on soit Burkinabè, Ivoirien ou Malien, il y a des thèmes que nous partageons… Un Ivoirien lira facilement un ouvrage qui est écrit par un auteur burkinabè sans être dépaysé ! Les thèmes sont peut-être traités avec leurs différences, mais c’est toujours dans un contexte africain. Le mariage chez les Burkinabè est peut-être différent de ce que l’on peut faire dans d’autres pays, mais on reste dans un environnement qui ne nous est pas vraiment étranger. La coédition est donc souhaitable, et c’est pour cela que l’on a un peu mal au cœur de constater que le livre africain ne circule pas ! Je prends un exemple : je vends des livres de Biton… mais Biton est lu au Sénégal, au Burkina et au Mali ; et ça marche ! Mais Biton, il est Ivoirien ! Je vends bien ses livres au Togo, au Bénin… Actuellement, il y a d’autres éditeurs ivoiriens qui vendent des collections dans la sous région et dont les ouvrages se vendent très, très bien. Donc, si des éditeurs de pays différents se retrouvaient à la base, pour produire et organiser leurs ventes, ce sera encore mieux. On pourrait alors produire en grandes quantités. Si l’on produit en grandes quantités, on baisse les coûts et les ouvrages partent directement sur d’autres marchés, tout en nous revenant moins cher. Ainsi, un auteur X, grâce à des éditeurs différents, verra son livre présent dans des pays différents en même temps. L’édition Sud-Sud, je pense, constitue une piste très sérieuse. Pour les maisons d’édition qui en ont les moyens, je pense qu’il faut aller dans ce sens. Il est vrai qu’il n’y a pas suffisamment de maisons d’éditions africaines qui ont les moyens de tels projets. Les maisons d’édition viables et qui peuvent aller au bout d’un projet de coédition, cela manque encore… Il faut vraiment travailler sur cette question.
Madame Diallo : Bibi, pourrait-on la voir traduite en anglais, en lingala ou en swahili par exemple ?
D.B. :
Mais pourquoi est-ce que vous dévoilez tous nos projets (rires) ! Ça fait partie des pistes de réflexion, comme on a dit…
M.D. : Il ne faut pas se précipiter…
D.B. : Pour commercialiser des ouvrages, il faut d’abord connaître tous ces marchés-là. Mais le fait que Bibi traite de thèmes qui intéressent ces enfants-là, quand on prend en compte le contexte africain, c’est déjà un grand pas si nous voulons envoyer Bibi vers d’autres marchés. Tout d’abord, l’Afrique. Nous avons pensé aux marchés africains. On a pensé au marché ivoirien lui-même et, à travers cela, on peut aller chercher très, très loin ! Avec Bibi, il y a l’éducation d’un côté et de l’autre le plaisir, à travers des sujets simples : le plaisir de lire à travers un support agréable à la vue et au toucher. Tout ça est pris en compte !
M.D. : Et même le jeu ! Quand vous lisez Bibi à vos enfants, il faut mimer l’histoire ! Demandez à l’enfant de jouer au grognon comme Bibi, en général il y arrive très bien ! « Interdit de rire ! » (Rires) Vous voyez : vous riez, donc vous avez… PERDU ! Quand ça fonctionne bien, l’enfant croise les bras, fronce les sourcils, et fait la moue, c’est extraordinaire ! L’enfant rentre vraiment dans le monde de Bibi et à la fin, quand Bibi se met à danser, on se lève aussi et, même si on a mal aux genoux, on saute avec lui ! C’est aussi ça le jeu, apprendre en lisant !
C’est en tout cas une très bonne chose, que nous puissions aujourd’hui vous lire en France, et je pense que le travail d’un éditeur comme Les Classiques Ivoiriens, à travers une collection comme « Bibi » contribue à modifier l’image que l’on se fait régulièrement, ici, de l’édition africaine. Et puis il y a cette sélection au prix Saint-Exupéry !
M.D. :
C’est pour cela que le prix nous fait vraiment chaud au cœur ! D’une certaine manière, cela montre aussi aux gens que l’Afrique change et pas seulement dans le mauvais sens ! On montre très peu d’images agréables de l’Afrique : il y a beaucoup de problèmes, certes, mais il y a quand même des gens, comme Monsieur Boaré, qui continuent à travailler dans l’ombre, malgré toutes les difficultés. Je profite de ce moment pour féliciter mon éditeur. Ce n’est pas évident de travailler quand le parcours est jonché de pièges. Il faut de l’audace, de la passion et du courage.
D.B. : Il faut poser des actes. Je suis sensible à cette volonté d’échanges Sud-Sud, qui est importante. On dit toujours que quand on va au Burkina, on ne trouve pas les ouvrages des Ivoiriens, ces Togolais ou des Béninois… Nous, Classiques Ivoiriens, nous avons cette volonté-là de faire circuler les livres. Ma grande ambition à l’époque, c’était de faire de ma maison d’édition une plaque tournante pour ces pays ; Les Classiques Ivoiriens seraient un centre où l’on fait venir des livres de la sous région, des éditeurs des autres pays que l’on fait venir en Côte d’Ivoire… Cela permettrait en même temps aux éditeurs de la Côte d’Ivoire et d’ailleurs de remonter sur les deux courants. Ça, j’en ai rêvé, et je continue d’en rêver…
M.D. : Je voudrais quand même préciser une chose : c’est que ce n’est pas parce que l’on se connaît que j’ai tout accepté de lui ! La jeune maison d’édition de Monsieur Boaré n’est pas centrée sur elle-même. C’est vraiment ce désir d’ouverture qui m’a intéressée. Je me suis dit « tiens, voilà quelqu’un qui ne vit pas centré sur lui-même et qui a de vrais projets, qui va vers les autres, qui cherche, qui observe l’Afrique et le reste monde avec un regard moderne… » C’est ce que je recherchais. Il y existe d’autres maisons d’édition en Côte d’Ivoire, j’aurais bien pu choisir un autre éditeur…
D.B. : Cette volonté, on l’a. On peut vraiment faire en sorte que les gens se retrouvent un peu partout. Sur certains plans, on l’a plus ou moins fait, mais ce n’est pas encore à la hauteur de nos espérances. C’est quelque chose qui, je pense, va forcément venir, parce qu’on y travaille. Dans le cadre de la littérature générale, beaucoup d’écrivains ivoiriens connus commencent à nous faire confiance : cette année, j’ai reçu des manuscrits d’auteurs d’une certaine renommée. J’ai aussi des auteurs de jeunesse qui sont venus parce qu’ils connaissent la qualité du travail de Muriel… Le fait que l’on bouge dans la sous région et que l’on distribue nos livres et ceux d’autres éditeurs ivoiriens au Burkina, au Togo, au Bénin, au Mali… tout cela contribue à faire avancer les choses. Nous venons de lancer un projet au Cameroun et on doit bientôt faire le point dessus. Nous parlons également du Sénégal, avec L’Oiseau Indigo : c’est cette première étape, le Sénégal et le Cameroun, qui représente un grand enjeu pour nous : si vous allez à Dakar, vous y croiserez rarement des éditeurs du Mali, ou quasiment pas. Nous avons l’ambition de récupérer des éditeurs maliens pour les distribuer au Sénégal, mais cela, nous ne l’avons pas encore réussi. Pour le moment, nous distribuons les éditeurs maliens en Côte d’Ivoire… Maintenant, je pense que les organisations internationales comme Afrilivres peuvent nous permettre d’améliorer tout ça, afin que les libraires puissent commander directement. Pour le moment, il reste encore en Afrique cette capacité, cet instrument-là de distribution et de diffusion professionnelle qui n’existe pas. Afrilivres a décidé de mettre quelque chose en place, et donc on verra…

1. [Le Prix Saint-Exupéry-Valeurs Jeunesse] récompense depuis 1987 les œuvres littéraires destinées à la jeunesse qui portent les valeurs de l’œuvre de Saint-Exupéry et le sens de sa vie :
– L’audace, celle des premiers vols de nuit ;
– Le courage de surmonter les obstacles et la volonté de survie ;
– La solidarité en cultivant la fraternité ;
– La sagesse : discerner et dépasser les dimensions trop matérielles.
2. Le Salon du livre de Yaoundé se tenait du 25 au 27 octobre 2012. L’évènement était organisé par la jeune Association des éditeurs de livres du Cameroun.
3.  Le Fils de l’aurore. Abidjan/Montréal : CEDA, éditions Hurtebise, 1999.
///Article N° : 11114

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Les images de l'article
Isabelle Gremillet (L'Oiseau indigo diffusion), Muriel Diallo (auteur-illustrateur, récipiendaire du prix Saint-Exupéry), Dramane Boaré (éditeur, les Classiques Ivoiriens) à la remise du prix Saint-Exupéry 2012 © L'Oiseau indigo diffusion
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© Les Classiques Ivoiriens
Muriel Diallo (auteur-illustrateur, récipiendaire du prix saint-Exupéry), Dramane Boaré (éditeur, Les Classiques Ivoiriens), Isabelle Gremillet (L'Oiseau indigo diffusion), les membres du jury et quelques proches © L'Oiseau indigo diffusion
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Le public du prix Saint-Exupéry 2012 © L'Oiseau indigo diffusion
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Les membres du jury du prix Saint-Exupéry 2012 © L'Oiseau indigo diffusion
Muriel Diallo (auteur-illustrateur, récipiendaire du prix Saint-Exupéry) et Dramane Boaré (éditeur, Les Classiques Ivoiriens) © L'Oiseau indigo diffusion





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