Tony Tahé, prince de la salsa

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Sa salsa est aux confins des rythmes latins et de ceux de sa Côte d’Ivoire natale. Tony Tahé sort un premier opus prometteur : Soy Africano.

C’est l’histoire d’un Franco-ivoirien, infirmier le jour à Saint-Ouen, et qui la nuit se pare du costume de velours de salsero des clubs caliente. Tony Tahé – de son vrai nom Antoine Boblahé – est un amateur éclairé de rythmes afro cubains.  » J’adore ce rythme de clave [1] accentué chez les Portoricains comme El Gran Combo, Gilberto Santa Rosa, José Alberto ». Dès 2009, pour réaliser son rêve de devenir une vedette de la salsa, il collabore avec des arrangeurs et se lie avec un roi des congas : le Vénézuélien Orlando Poléo et son orchestre Chaworo. Sans pour autant oublier les racines de cette musique : « La salsa est dans la peau des Africains. C’est une musique africaine modernisée par l’apport des latinos ». Tony chante en guéré [2]dans trois titres. « Les gens attendent d’un chanteur africain qu’il apporte quelque chose de nouveau par rapport à cette musique. La force d’un groupe comme Africando [3]a été, entre autres, de chanter en langues africaines. »

Chanteur par accident
Rien ne prédestinait Tony à cette carrière. Après des études d’infirmier en Côte d’Ivoire, avec un diplôme équivalent à celui d’aide-soignant en France, il doit repasser le concours à Paris. Un jour, en visite à Hambourg, le déclic lui vient. « J’ai invité une Américaine à danser. Elle m’a remercié parce que je dansais sans la toucher. Je me suis alors aperçu que je dansais différemment et j’ai pris des cours de danse. » L’élève est doué. Un soir, invité par un compatriote, Picaud Nimignon, à son concert on lui tend inopinément le micro. Le chanteur salsero était né. Ciselé sur la forme, l’album de Tony, outre les thèmes universels (l’amour, les femmes…) aborde des faits de société : « Dans le clip « Zoua », nom d’une danse ancienne de la Côte d’Ivoire, je mets en scène la jalousie entre une fille africaine et son copain séduit par une fille à la peau plus claire. Il parle aussi des ravages du décapage chez certaines femmes africaines. « . En substance il se souvient également d’une Côte d’Ivoire unie. Celles des années quatre-vingt. « Lors des fêtes de commémoration de l’Indépendance, toutes les danses régionales passaient à la télévision. Cela nous permettait de découvrir notre culture. Où sont passées toutes ces danses aujourd’hui ? » Ce thème esquisse des interrogations sur la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui qui tente de refermer ses plaies. Tony n’y est pas retourné depuis plusieurs années mais a bon espoir que  » la réconciliation soit en bonne voie ».  » En tant qu’artiste j’envoie un message de paix », résume-t’il.

De Paris à Nueva York
Fort de cet album, Tony a des projets pleins ses cartons. Un deuxième album en langue guéré. « Les Latinos sont épatés qu’on chante leur musique dans une autre langue que l’espagnol s’amuse-t-il. Des Japonais, Orchestra de la luz, se sont même mis à la salsa.. » Pour ce deuxième opus, le chanteur se passionne pour d’autres rythmes comme ceux zulu sud-africains. Mais sa cerise sur le gâteau serait d’être sélectionné au concours international organisé par Salsa magazine « Un grand promoteur de salsa, Izzy Sanabria, m’a repéré sur Internet. On est trois cents nominés. Les quarante premiers choisis par vote sur Facebook seront récompensés le 26 septembre à New York ! » Alors, si vous aimez l’album de Tony Tahé, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Notes

[1] La clave est un rythme, mais aussi un instrument

[2] Langue et groupe ethnique de l’Ouest de la Côte d’Ivoire

[3] Groupe de salsa mythique fondé par Boncana Maiga et Ibrahim Sylla en 1993///Article N° : 12600

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