EDITORIAL : Charlie, et après ?

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La magnifique mobilisation mondiale contre la barbarie nous réjouit et nous émeut. Nous y voyons le rejet non seulement de la violence qui a frappé la société française à travers son journal le plus impertinent, mais de tous les fanatismes de par le monde, qu’ils soient politiques ou religieux.
Cette mobilisation doit continuer et Africultures ouvre ses colonnes au débat, pour la liberté d’expression mais dans le respect des cultures.

Comme tous nos confrères, nous condamnons totalement les actes barbares qui tentent de générer la peur et la division.
Face à la violence aveugle, dominent d’abord l’effroi et la sidération.
Puis viennent les hommages, la réaction unitaire, l’affirmation collective des grands principes, les actions de solidarité.
C’est important et nécessaire. Nous avons partagé et nous partageons encore cette mobilisation.
Elle doit d’abord s’élever contre l’amalgame entre terroriste et musulman ou arabe, et contre la stigmatisation.
S’élever aussi contre la tentation de restreindre encore davantage les libertés individuelles sous prétexte de lutter contre le terrorisme : ne pas répondre à la terreur par des mesures liberticides.
Mais au-delà de cette vigilance, doit venir aussi le temps de la réflexion : pourquoi notre société féconde-t-elle ces parcours de terroristes ? Entre plafond de verre et faillites de la politique de la ville, des jeunes perdent espoir de se construire un avenir, et tendent l’oreille à des discours fanatiques.
La stratégie des terroristes est d’accentuer par la terreur le rejet des jeunes issus de l’immigration pour qu’ils se radicalisent et rejoignent leurs troupes de « fous de Dieu ».
C’est contre ce rejet qu’il nous faut agir.
Il est temps de progresser dans la lutte contre le mépris et l’exclusion, qui génèrent le repli sur soi et le communautarisme. Cela passe par l’accueil des expressions culturelles de la diversité, par l’apprentissage de leur complexité et de leur apport dans la déconstruction des stéréotypes coloniaux qui nourrissent encore aujourd’hui les discriminations. L’enjeu reste de contribuer à un monde où chacun doit être à égalité réelle de droits et de dignité, dans une appartenance commune à l’humanité.
Il faut avancer plus nettement sur la question des inégalités sociales, de l’accès à l’éducation et la culture, sur les chances de réussite sociale ou de pouvoir initier des projets.
Pour nous qui travaillons à la connaissance et la reconnaissance des imaginaires de la diversité, la meilleure réponse à la terreur est d’approfondir notre travail, sans jamais sombrer dans la superficialité ou le spectaculaire.
Il n’y aura pas à nos yeux de meilleur hommage à ceux qui, malgré les risques, ont poursuivi leur action.

///Article N° : 12699

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