Max Farakann, homme de la nuit

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Série
Afriscope prend la température des soirées afro-parisiennes. Des soirées qui visent un public d’afrodescendants, dans un sens large et non excluant. moments de détente sur fond de musiques africaines, caribéennes, américaines, on s’y retrouve entre amis, on y mange des plats typiques ou on en profite pour réseauter. Afriscope propose une plongée dans ce monde nocturne, une virée dans ses lieux légendaires, peuplés de personnages emblématiques et où de nouvelles initiatives prennent vie.

Depuis vingt ans, de l’organisation de soirées à l’accueil des fêtards comme portier, Max Farakann, 39 ans, est une figure incontournable de la nuit parisienne. Portrait.

« J’ai toujours aimé la nuit, le calme qui s’en dégage. Même si je travaille souvent dans des lieux festifs ou bruyants ! » Et pour cause ! Si vous sortez à Paris, vous avez probablement croisé son chemin. Max, «  expert  » des nuits parisiennes, se sent comme un poisson dans l’eau dans les soirées aux ambiances « afrocaribéenne, américaine« , comme il les décrit. En Jordan de la casquette aux baskets, ce bientôt quarantenaire, s’avoue piqué de hip-hop. Ce natif de la Côte d’Ivoire a baigné dans la musique très tôt. Il faut dire qu’avec une mère passionnée de musiques d’Afrique centrale ou d’Amérique latine, ce que Max appelait à l’époque  » musiques de vieux « , il avait tout pour aimer le son ! Une mère dont les oreilles se sont également ouvertes au rap,  » grâce à Solaar « . C’est encore très jeune qu’il entend parler des temples légendaires de soirées afro où allaient danser ses parents : le Keur Samba (toujours Paris 8e), le Moloko et le Timis Club, tous deux aujourd’hui disparus.

Le filon afro
Tout en étudiant la chimie, il fait ses premiers pas en tant que portier. Vient ensuite l’organisation de soirées. Parmi les plus marquantes, les Triple Impact en 2003 à la Scène, salle située à l’époque rue Linois (Paris 15e), et plus tard, en 2010, les Afropitch au Star Night (Paris 10e) ou au Moloko, sur fond de hip-hop, dancehall, zouk, house ou encore musique orientale. Avoir passer près de vingt ans dans cet univers, fait de Max un témoin de son évolution.  » On assiste à un retour aux valeurs et à la culture afro, surtout depuis que rihanna et Beyoncé se sont mises à porter des chemises Daishikis » assure-t-il. Optimiste, il est persuadé que les soirées de ce genre se feront de plus en plus nombreuses dans la capitale, concurrençant les boites de nuit traditionnelles aux sons strictement occidentaux. Mais tout n’est pas si facile et il met en garde : «  Aujourd’hui, beaucoup se lancent dans le business des soirées afro. Mais peu arrivent à en vivre « . Une clé de réussite pour évoluer dans le monde de la nuit ? Le réseau prime avant tout, notamment pour ce qui est de la location des salles. S’adapter à des codes qui changent est un challenge.  » À l’époque, on avait un véritable système d’entraide entre gens du milieu. On signalait des clients difficiles par exemple. Mais les gens la jouent plus perso maintenant.  » Lui-même travaille par ailleurs dans le secteur des transports, tout en assurant de temps en temps la sécurité de plusieurs salles comme Le Dépôt et les Folies Pigalle (Paris 17e). Celles-ci accueillent des soirées réservées aux publics LGBT dites  » communautaires  » :  » Les gays noire.s et arabes assument mieux, à présent, d’aller dans ces soirées « , note-t-il comme évolution certaine de ces dernières années à l’image certainement de la société actuelle. Un peu nostalgique il constate qu’il y a encore une quinzaine d’années, «  les gens sortaient vraiment pour s’amuser  » alors que maintenant ils ont plutôt tendance  » à se montrer « . L’un des rares lieux selon lui où l’on retrouve un véritable esprit festif, c’est le Titan, situé Place de Clichy (Paris 17e) qu’il fréquente à l’occasion. Mais ce n’est pas le moment pour lui de se divertir, plutôt de retourner au boulot. On le laisse aux halles, dans le centre de Paris où il tombe sur des amis avec lesquels ils se remémorent la belle époque avant de retourner auprès des fêtards.

///Article N° : 13308

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