Colloque international « L’Expérience métisse »

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 » Bousculer les sciences sociales, éveiller curiosité et questionnements, préfigurer les fonctions du musée du Quai Branly à réfléchir sur les cultures du monde (…) ». Tels étaient les objectifs du colloque international L’Expérience métisse, organisé par le dit musée dans l’enceinte de celui du Louvre, début avril 2004. Sous la direction de Serge Gruzinski (1), anthropologues, historiens, créateurs (trop peu représentés) et chercheurs ont exploré les expériences métisses à travers des domaines aussi variés que la danse, la musique populaire, l’art contemporain, les industries culturelles ou les sciences sociales. Malheureusement essentiellement axées sur les métissages ibéro-américains et limitées aux  » rapports entre l’Occident et les peuples qu’il a soumis ou combattus (2) « , les multiples interventions ont sillonné les champs du métissage, explorant, entre autres, ses origines, ses permanences, ses transgressions, ses ambiguïtés, ses rapports biologiques, psychologiques et politiques aux questions identitaires, le tout dans le contexte de la mondialisation. De cette nébuleuse se détachent les œuvres contemporaines mais aussi anciennes, témoignant magistralement des mouvements perpétuels induits par les métissages, jamais figés, toujours en devenir. Dans un lieu comme le musée du Louvre, qui fut longtemps le  » temple de la culture occidentale  » et dont l’ouverture aux autres continents en avait fait grincer certains, L’Expérience métisse a trouvé un écho lumineusement dissonant dans l’intervention finale (en duplex) de l’incontournable Édouard Glissant. Pressentant que les métissages  » échappent aux systèmes de pensée car ils produisent de l’imprévu « , il met en garde contre une conception  » mécanisée du métissage  » et oppose les  » pensées archipéliques – fragiles, mais correspondant à la fragilité du monde en nous – aux pensées continentales débouchant sur un système de pensées opératoires exportées par l’Occident comme systèmes absolus « . Après son intervention, à l’aube de l’ouverture du musée du Quai Branly, consacré aux arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques et qui devra  » dépasser l’héritage des premiers contacts de l’Occident avec les autres cultures et sortir du regard post-colonial « , un ange est passé entre les murs lisses du musée du Louvre.

1. Directeur de recherches au CNRS et à l’EHESS.
2. Carmen Bernard,  » Penser les métissages d’hier et d’aujourd’hui : anthropophagie, harmonies et dissonances… « 
Les actes du colloque sont disponibles sur le site Internet du Musée du Quai Branly : www.quaibranly.fr///Article N° : 3713

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