Andonavalona et ses images virtuelles expérimentent la frontière entre le réel et l’imaginaire

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Deuxième du concours du 50ème anniversaire de la célèbre bière malgache « Three Horses Beer », le travail du jeune photographe malgache Andonavalona a été l’un des plus salués par la critique et le public lors du 12ème Mois de la Photo à Antananarivo, en juillet 2010, où il a reçu le prix de la meilleure exposition individuelle. Portait.

La série de trente-cinq photographies « Virtuosity » du photographe Andonavalona est le résultat d’une recherche sur la représentation virtuelle du monde réel. Sur et derrière ses visages de vieux et d’enfants qu’il a un jour croisés dans le quartier populaire « 67 hectares » où il vit depuis toujours se trouvent des textures d’écorces d’arbre, de feux d’artifices, de briques, d’acier, de fleurs, de racines, de fagots de bois, de carcasses de zébu ou encore de lianes. La vérité est que ne sont pas plus réels ses yeux qui nous observent que l’éclatante lumière qui donne l’illusion de leur vie.
Pour ce père de famille âgé de 32 ans, fils d’une mère dramaturge, « tout est d’abord question de technique. Même si le mode opératoire que j’utilise est le même, je reste toujours en quête de nouveaux sujets. D’abord je retouche un visage, parfois quand il est blanc, je le fais devenir noir, puis j’insère une matière que je travaille avec Photoshop. A chaque fois, mes images racontent de nouvelles histoires. C’est le spectateur qui les construit. Moi, je ne prescris rien. Je ne raconte rien. Je ne sais rien. Le voyage que je propose n’a aucun objectif, aucune destination. Je suis seulement un fabricant d’images à l’affût de nouvelles sensations à expérimenter et expressions à faire découvrir ».
En 1998, alors dessinateur à l’encre de chine et au crayon, il intègre l’entreprise de sérigraphie tananarivienne Géographix et découvre la programmation assistée par ordinateur. En bon apprenti, il s’initie lui-même à Photoshop ou encore Illustrator et commence ses premières associations d’images. Infographiste depuis 2003, il est aujourd’hui directeur artistique de l’entreprise de communication Epure.
« Ce travail est pour moi un moyen d’explorer la tension entre le réel et l’imaginaire. C’est une recherche permanente qui m’habite aussi simplement que la pensée. J’utilise les visages comme des laboratoires à partir desquels je développe des fictions dont les limites se créent avec et dans la matière ».
Un visage dans le corps d’un arbre, un autre sur le mur d’une maison face à une table vide, un autre comme enfermé dans une toile de jute ou un nid d’abeilles, ces portraits dans leur composition rappellent parfois la mouvance expressionniste. Tour à tour, jaune d’or, ocre, miel, ses visages modifiés deviennent métalliques, obscurs, écorchés, cloués, troués, cassés, perforés, démembrés. Le travail d’Andonavalona engage le spectateur dans un enchevêtrement d’interrelations de formes, de sens, d’Histoire. Mais, ses images ne racontent pas d’histoire. Elles participent à une histoire qu’il nous faut, spectateurs, encore construire…
Virtuosity révèle alors le paradoxe fondamental qui subsiste au fond au sein de la technique photographique, la beauté illusoire et mécanique de toute image qui devient un peu morbide lorsqu’elle est fixée à jamais par l’instant photographique. Car en réalité, les images ne parlent pas, elles gardent sous leur fine peau de sel l’immortalité de leur secret.
Le photographe entrevoit déjà de poursuivre son travail d’associations dans les domaines du film d’animation et du collage sur photographie.

///Article N° : 9680

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Les images de l'article
Forest © Andonavalona
Vieux © Andonavalona
Tonjohy © Andonavalona
Malaso © Andonavalona
Lianah © Andonavalona
Intelligo © Andonavalona
Davinci © Andonavalona





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