Événements

« La quinzaine du rap africain »
organisé par la Fondation Jacques Gueux, association bruxelloise centrée sur la promotion et la diffusion des cultures urbaines et populaires émergentes en partenariat avec Africalia

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Quatre groupes de rap, du Sénégal, de Tanzanie, d’Afrique du Sud et de Côte d’Ivoire sont invités à participer à un atelier de rencontre et de création collective avec des artistes belges ainsi qu’à différentes scènes à Bruxelles et en province.

Les groupes Godessa (Afrique du Sud), X-Plastaz (Tanzanie), Rak Tak Squad (Sénégal), Nigga Nation (Côte d’Ivoire), participeront pendant quinze jours à une rencontre hip hop belgo africaine.

Ils se produiront en Belgique, principalement dans le cadre du podium thématique « African Hip Hop » programmé le vendredi 27 juin au festival Couleur Café. D’autres prestations sont prévues notamment pour l’événement « Caravane » proposée par Africalia à Liège.

Deux soirées seront consacrées à la poésie urbaine africaine au Botanique et à l’Ancienne Belgique.

Programme :

Du 16 au 26 juin : Atelier de création au Novanoïs

L’atelier débutera le 16 juin avec Rak Tak Squad, Godessa et Nigga Nation, rejoints le 23 juin par le collectif X-Plastaz. Le projet a pour objectif est de réaliser plusieurs morceaux collectifs en collaboration avec des artistes du hip hop local.
Pitcho, rappeur et poète urbain schaerbeekois assurera la direction artistique, il a choisi d’associer notamment, Junior, Djam le Rif, les Wa BMG 44 (Dakar)…
Le résultat de ce travail sera présenté au festival Couleur Café et enregistré en public, il donnera lieu ultérieurement à une publication sur CD.

Le vendredi 20 juin au Botanique : « African Slam Session »
Dans le cadre du festival de théâtre africain, soirée consacrée à la parole urbaine d’Afrique avec les groupes Nigga Nation, Godessa, Rak Tak Squad, Wa BMG 44 et Fresk et quelques artistes d’origine africaine basés en Belgique.

Le jeudi 26 juin : « African Slam Session » et concert (sous réserve)
Soirée consacrée à la promotion des groupes invités avec des featurings belges, les Wa BMG 44 (Sénégal) et Fresk (Congo).
20h30 : Slam session + concerts. (Lieu à confirmer)

Le vendredi 27 juin : Podium « African hip hop » au festival Couleur Café.
Les groupes Godessa, X-Plastaz, Rak Tak Squad, Nigga Nation se produiront tous en concert dans le cadre d’un podium et d’un moment spécifiques, avec la participation des artistes belges ayant participé au workshop de rencontre.

Le samedi 28 juin : « La Caravane de Liège »
L’évènement itinérant pluridisciplinaire, proposé par Africalia, centré sur la musique, la danse et le théâtre contemporains, organisé avec le Centre Culturel de Liège « Les Chiroux »accueillera les groupes Godessa et X-Plastaz qui y feront une halte pour un concert.

Le 6 juillet au « Festival au Carré » à Mons :
Le groupe Godessa participera au festival dans le cadre de la « Journée africaine » le dimanche 6 juillet à 20h30.

Les groupes

X Plastaz, de Tanzanie.
Né en 95, à Arusha d’une rencontre interethnique, ce groupe s’est distingué par la fusion unique qu’il réalise entre le hip hop et la tradition MASAÏ. Sa musique en est imprégnée de manière particulièrement savoureuse, ainsi que ses prestations scéniques.
S’exprimant principalement en Swahili, il pratique un rap conscient et engagé sur les questions essentielles qui mobilisent les jeunes comme le chômage , le sida ou la misère des prisons.
X Plastaz a déjà réalisé plusieurs enregistrements à succès en Tanzanie et aux alentours, il s’est produit dernièrement à Amsterdam où il a été très remarqué.

Nigga Nation, de Côte d’Ivoire
Issu de Treichville, dans la banlieue populaire d’Abidjan, Nigga Nation tient son nom de l’engagement qui le propulse sur les questions comme la dignité de l’Afrique, la corruption, le culte de la personnalité et les déchirements interethniques. Il s’agit d’un véritable collectif de création et de vie qui tente de surmonter les difficultés spécifiques de la production artistique dans la région, ou les groupes de rap sont légions. Soutenu l’an dernier par les producteurs parisiens Moovin’Action, le groupe a pu réaliser une importante rencontre avec le musicien Ray Lema qui a mis des créations à leur disposition.

Godessa, d’Afrique du Sud
Trio du Cap, Godessa a été créé il y a trois ans à l’initiative de la chanteuse et activiste hip hop Shameema Williams. Son idée était de valoriser une place et une philosophie féminines au sein d’un hip hop local important et très marqué par l’influence afro américaine. Enracinée dans la spécificité historique des lendemains d’appartheid, mobilisée sur les droits de l’homme et active à travers le hip hop par rapport aux grandes questions de l’Afrique du Sud, il s’agit d’une formation au parcours artistique très mûr sur la scène locale et internationale. Godessa a déjà assuré plusieurs tournées en Europe, à La Havane et aux Etats Unis ; il a enregistré un single à succès (Social Ills) et prépare un album. Se produisant d’habitude accompagné par des musiciens live, le groupe s’exprime en anglais et dans les langues spécifiques du pays, pratiquant volontiers les spoken words et les workshops formatifs.

Rak Tak Squad, du Sénégal
Baila Diatara Barry dit « Bay Gun Bi », fonda ce groupe en 1998 après avoir tourné durant 8 ans avec Positive Black Soul, actant ainsi le changement de sensibilité qui devait désormais prévaloir auprès d’une grande partie de la jeunesse sénégalaise. « Rak Tak » en Wolof pourrait se traduire par « la langue nationale du pays », les textes du squad relatent l’actualité de la société sénégalaise et africaine en général, se faisant l’écho des grands débats du continent.
A l’instar d’une scène hip hop en pleine effervescence à Dakar (ou l’on dénombre des milliers de MC !), le groupe pratique un rap apre et enlevé, tout en marquant son attachement aux spécificités culturelles et aux racines. Rak Tak a publié un album en 99, intitulé « l’Albomb », c’est dire…

Les cultures urbaines en Afrique :
Si la culture hip hop connaît ces dernières années un essor considérable dans les différentes capitales des pays d’Afrique, ce n’est pas seulement lié à l’exode rural qui engendre la formation de mégapoles fertiles en productions artistiques ni à la forte densité d’une population très jeune, c’est aussi parce qu’il s’agit notamment d’un acte posé, d’un acte fort, d’une prise de risques parfois, d’une prise de parole spontanée dans le débat des affaires publiques qui se fait l’écho de plusieurs générations qui découvrent avec le rap surtout, une nouvelle façon de prendre part aux discussions, une forme de créativité artistique qui née dans les années 80 aux Etats Unis a gardé en Afrique encore aujourd’hui le caractère originel de sa raison d’être.
Le rap, un des quatre éléments essentiels de la culture hip hop, le plus développé en Afrique, identifiable et accessible aux jeunes, leur permet de s’impliquer dans le débat sur les questions de société, de dénoncer les travers des régimes politiques, d’aborder des sujets tabous sans être forcément passer par l’université. Après avoir songer à un texte, il leur faut juste trouver le micro et ça il y en a un peu partout. Le plus dur c’est encore de dénicher les bonnes sonos.
Au Sénégal par exemple, on dénombre plus de 2000 groupes de rap. Des concerts s’organisent dans les écoles, les universités, les stades de foot. Plusieurs festivals internationaux de rap ont lieu chaque année malgré les énormes difficultés, en Guinée, au Cameroun, au Sénégal, en Afrique du Sud…
Les Centre Culturels Français dans la plupart des pays d’Afrique contribuent largement à ce développement en organisant des concerts de rap et en apportant un soutien structurel aux groupes.
Considéré parfois comme un moteur de changement capital pour la jeune génération qui représente souvent plus de 70 % de la population dans beaucoup de pays du continent africain, les rappeurs ont également gagné le respect des anciens qui voient en eux, l’audace et la fougue et la franchise dont à tant besoin l’Afrique pour relever le défit de la survie et du changement, encore aujourd’hui.
Pour ce qui est de la danse dite urbaine, les compagnies commencent à se structurer et prendre leur place sur les scènes internationales. Au dernier festival de danses urbaines organisé à La Villette (Paris), la Compagnie de Madagascar « Up the Rap » était présente avec une création originale qui a tourné dans bons nombres de festivals en France.
Les danseurs de breakdance sud-africains se font la part belles lors des Battles internationaux (défits) où ils se placent généralement parmi les dix premiers. (cf Batelier Ben ?)
C’est aussi en Afrique du Sud que la Fondation Jacques Gueux a découvert la compagnie « Via Katlehong Pantsula dancers » qui a participer cette année au festival de danses urbaines organisé avec le Centre Culturel Jacques Franck à Saint-Gilles.
Le graff connaît aussi un développement remarquable par son originalité et sa longue expérience de fusion avec les moyens du bord.
Le mouvement « Set Setal » qui soutenait le développement de projets de nettoyage et d’embellissement avec les habitants des quartiers de la ville et de la banlieue de Dakar, a produit des centaines de fresques murales peintes par des artistes dont les thèmes abordés étaient parfois de portée purement pédagogique encore une fois.
Aujourd’hui quelques grapheurs se font connaître au Sénégal (www.africanhiphop) et en Afrique du Sud grâce aux journalistes qui enquêtent sur le sujet mais les véritables graphes se font rares fautes de bombes….
Concernant le dj’ing (travail d’instrumentaux avec 2 platines ou tourne disques pour les anciens) et la création de sons qui nécessitent l’achat d’un matériel coûteux presque introuvable en Afrique, c’est une des disciplines du hip hop les moins développées qui malgré le capital de rythmiques extrêmement riches ne s’épanouit encore que grâce à la présence rare de dj’s européens.
La Fondation organise donc une collecte de matériel destiné aux groupes africains qu’elle soutient.


Le Centre de documentation de la Fondation dispose de différentes sources d’informations sur les cultures urbaines en Afrique : groupes de rap, articles de presse, livres, références de sites.
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