Événements

Les nuites mystiques
Trois soirées de concert gnawa et soufi dans le cadre D’Africalia

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Jeudi 28 août, 20h30
Maâlem Abdelmajid Domnati & l’Ensemble Gnawa Express de Tanger (Maroc)

Les Gnawa du Maroc, à l’origine descendants d’esclaves noirs déportés des pays d’Afrique occidentale subsaharienne (Mauritanie, Sénégal, Mali, Niger, Guinée), forment une confrérie dont les membres –adeptes, maîtres musiciens (Maâlem), voyants-thérapeutes et joueurs de crotales (qraqech)– célèbrent un rituel à la fois musical, initiatique et thérapeutique dont le but est de réintégrer les énergies fondamentales du corps humain.

Ce rituel de possession est appelé derdeba et se déroule la nuit (lila). Les lila de derdeba sont célébrées par un maître musicien (Maâlem) qui conduit la danse et gère accessoires et vêtements rituels. Accompagné par des joueurs de qraqech et de tbola (tambour à double membrane), le Maâlem, avec son guembri (tambour à trois cordes) entame des devises chantées pour invoquer les saints et entités surnaturelles (mlouk).

Le Maâlem Abdelmajid Domnati et l’Ensemble Gnawa Express de Tanger forment l’un des ensembles gnawa parmi les plus reconnus du Maroc.

Début août, également dans le cadre de la ‘Saison africaine’d’Africalia, ils sont en résidence à Flagey à Bruxelles pour y développer un projet (intitulé Almajmaa) avec le groupe belge Määk Spirit’s, qui aboutira sur plusieurs concerts-rencontres: à Flagey, au Gaume Jazz Festival et au Middelheim Jazz Festival, notamment…


Vendredi 29 août, 20h30
Majid Bekkas
Abdelmajid Bekkas (Maroc), Rachid Zeroual (Maroc) et Serge Marne (France) avec
Paolo Radoni (Belgique) et Marc Lelangue (Maroc)


Né à Salé, au Maroc, où il réside, Majid Bekkas a appris la pratique de la musique gnawa aux côtés de son maître Ba Houmane.

La voix ensorcelante de Bekkas et les timbres envoûtants que celui-ci tire tant de son guembri que de sa guitare soulignent le caractère mystique de cette musique séculaire que l’on qualifie, depuis Essaouira jusqu’à Marrakech, de « guérisseuse d’âme ». En filigrane, l’Afrique et le blues dont la musique gnawa renvoie (de par sa pureté préservée) à ce qu’il y a de plus authentique.

En se revendiquant de l’Afrique, la Mère du blues (sa progéniture) et du funk (son dérivé), Majid Bekkas inscrit la musique gnawa dans sa dimension première, sans pour autant négliger quelques accents apparentés à la musique occidentale actuelle. La musique de cet artiste accède ainsi à une universalité « nourrie » de ses différentes expériences musicales. Parmi celles-ci: le jazz tout d’abord, aux côtés d’audacieux musiciens tels Peter Brötzmann, Sophia Domancich, Louis Sclavis, Ramon Lopez, Paul Rogers et Paul Dunmall dont il est le partenaire au sein du Sala Quartet; les musiques du monde ensuite, avec Camel Zekri (Diwan) et Sara Alexander (Ya Salam).

Le signe distinctif de Majid Bekkas? Une aptitude à conjuguer avec un rare talent mémoire et modernité, ce qui affranchit sa musique du temps. Une mémoire, celle née, sur fond de douleur et de sagesse mêlées, du chant jadis émis par les esclaves venus d’Afrique occidentale sub-saharienne. Une modernité, celle dont font preuve avec autant de justesse que de discrétion le flûtiste Rachid Zeroual (Maroc), le percussionniste Serge Marne (France) et les guitaristes Marc Lelangue (Maroc) et Paolo Radoni (Belgique). Un mariage en parfaite harmonie dont le fruit essentiel est comme une promesse…



Samedi 30 août, 20h30
Sheikh Ahmad al-Tûni (Haute-Egypte)


Toujours avec force et mesure, Sheikh Ahmad al-Tûni passe du grave à l’aigu, de la supplique à l’exaltation sans transition…

Septuagénaire, Sheikh Ahmad al-Tûni est l’un des grands maîtres du chant soufi égyptien. Le maître d’une génération qui, enfant, a connu les dernières grandes effervescences de la musique égyptienne. Son charisme est le fruit d’un phénomène d’imitation à une période clé. Celle où l’inshâd (chant religieux) soufi commençait à subir l’influence des mélodies citadines. Celle aussi où le mûnshid, chanteur et maître de cérémonie soufi, se voulait un personnage public, enjolivant son style, à l’image du modèle « oum kalthoumien », dans un savant mélange entre ornementations classiques et techniques vocales de récitation coranique (tajwid).

Aux côtés d’instruments originellement liés au chant soufi comme le dûff, le naqrazân (timbale en cuivre frappée par des baguettes), le reqq (petit tambourin) ou le qawwâm (flûte), les instruments du taht égyptien (ensembles musicaux des villes) font alors leur apparition: la tabla égyptienne, le kamanga (violon oriental), le oud ou même parfois le qanoun…

Loin de tout académisme ou conservatisme et malgré une mode actuelle plus électrifiée, la voix du Sheikh Ahmad al-Tûni privilégie avant tout l’émotion. Il continue à chanter avec lyrisme, volupté des mots, passion et abandon. Il reste fidèle à lui-même, entièrement dévoué à un art qu’il nous fait partager à sa manière et sans fioritures, entre poésie soufie ancienne et expressions populaires…
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