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Rencontre avec Koffi Kwahulé
À l’occasion de la parution de Monsieur Ki, Rhapsodie parisienne à sourire pour caresser le temps (Gallimard, Paris, 2010)

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RENCONTRE avec Koffi Kwahulé

Auteur dramatique, romancier et nouvelliste né en Côte d’Ivoire en 1956, Koffi Kwahulé vit en France depuis le début des années 1980. Son oeuvre, nourrie par son expérience du déracinement, explore la condition diasporique. Qu’est-ce que vivre dans un entre-deux culturel ? Comment refuser à la fois la tentation de la nostalgie de la terre natale et celle de l’assimilation dans le « pays d’accueil » ? Si la mémoire douloureuse de l’histoire noire affleure toujours dans les textes de l’auteur afro-européen, ces derniers ne sauraient être cantonnés à la question noire. Radicale, l’expérience diasporique lui permet finalement d’interroger avec une intensité particulière notre contemporanéité immédiate : celle d’un monde en pleine crise, où l’invention d’un avenir commun – entre l’Europe et l’Afrique notamment – est une urgence.
Les pièces de Kwahulé sont publiées chez Lansman (Bintou) et aux Éditions théâtrales (La Dame du café d’en face, Jaz, Big Shoot, Blue-S-cat, Misterioso-119, Les Recluses…). Il a écrit deux romans, Babyface (2006) et Monsieur Ki (2009), parus dans la collection « Continents noirs » de Gallimard.

Monsieur Ki,
Rhapsodie parisienne à sourire pour caresser le temps
(Gallimard 2010)


« Toujours est-il que je ne me sens à l’aise qu’avec les Blancs racistes ; avec eux je suis confiant, je sais à quoi m’en tenir, je sais où je mets les pieds. Tout de suite je me dis : « Voilà un Blanc. » En revanche, je me méfie de ceux qui ont un ami sénégalais ou camerounais, les Monsieur-moi-je-connais-bien-les-Noirs, les Monsieur-moi-j’ai-passé-vingt-ans-en-Afrique, qui n’écoutent que Miles Davis ou Tiken Jah Fakoly, qui ne jurent que par la spontanéité et l’élégance naturelle des nègres ; ceux-là je m’en méfie. Ils me foutent mal à l’aise. Je ne mets pas en doute leur sincérité, mais ils me foutent mal à l’aise, c’est tout. »

Le nouveau roman de Koffi Kwahulé, Monsieur Ki – Rhapsodie parisienne pour caresser le temps, est un roman qui s’écoute. Ce récit est un blues, celui de l’immigré noir obligé, pour survivre à la solitude, à l’indifférence et au racisme, de se raconter des histoires. Rocambolesques et drôles, ces histoires, qui convoquent à la fois l’Europe et l’Afrique, s’enchâssent et s’enchaînent sans logique, suivant les mouvements désordonnés d’une conscience blessée. La beauté et la complexité de ce roman sur l’exil naissent alors du subtil mélange entre les accents bluesy de la voix du narrateur et le rire provoqué par ses folles histoires.

Animée par Virginie Soubrier. Agrégée de Lettres classiques, elle a soutenu en 2009, à la Sorbonne (Paris IV), une thèse intitulée  » Koffi Kwahulé. Une voix afro sur le scène contemporaine (1991-2005) ».
Lecture d’extraits de textes par Gerty Dambury
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